vendredi 20 août 2010

Les mines de Potosi


C'est parti pour la "visite" des mines. 2nde édition pour Merlin et Patricia. 9e pour moi... Et certainement la plus sportive, la plus physique !


Le sommet du Cerro Rico culmine à 4824 m et c'est à quelques 4100 m d'altitude que nous entrons dans une des galeries principales, toutes orientées Nord-Sud, dans le sens des filons. 
Chaque jour, des équipes de deux sortent une dizaine de wagonnets chargés d'une tonne de minerai. Zinc, étain, argent...
Si officiellement le travail est interdit aux mineurs de 18 ans, il est fréquent de voir des jeunes de 14 travailler. Comme certains étudiants venus gagner un peu... d'argent (50 bolivianos - 5,5 € - pour une journée de dur labeur).

 



Quand le filon est couleur chocolat, on est en présence d'argent de bonne qualité. Ici, pas d'ingénieurs ni de technologie sophistiquée pour chercher : c'est l'expérience du mineur et... la chance qui le guident.

 

A 40/45 ans, après 20 à 25 années de travail, les mineurs sont obligés de s'arrêter. Ce n'est pas l'âge qui entre en ligne de compte, ni la durée de leur carrière professionnelle, mais leur état de santé.
Les retraités sont souvent obligés d'aller à Sucre, ou bien encore plus bas à Santa Cruz, pour permettre à leurs poumons d'absorber l'air vital. Potosi, trop haute, est exclue !


Freddy, notre guide, tient à la main la dynamite qui va servir à creuser la montagne... Les mineurs perforent aujourd'hui les 12 trous d'1,20 à 1,80 m à l'aide de perforatrices à air comprimé. L'ambiance est insoutenable. Ils doivent percer la roche en ajoutant eau et huile. La chaleur et l'humidité deviennent extrêmes, mêlées à la poussière... Ils utilisent des masques et des combinaisons pour se protéger autant que faire se peut.
Je n'ai pas tenté d'image, sachant par expérience que le flash obligatoire serait renvoyé par des milliers de particules. Et quand j'ai photographié Freddy avec ses cartouches de dynamite prêtes, à une bonne trentaine de mètres des mineurs qui perforaient (on avait mis des petits bouts de sac plastique froissés  dans les oreilles pour se protéger les tympans !), il a fallu que je m'y reprenne à trois fois. Après deux essuyages du filtre et en faisant vite, ça a marché !


Pour apporter le matériel nécessaire au travail, remonter ou descendre le minerai à la galerie principale, aérer les galeries (et évacuer les gaz des explosions), les mineurs creusent des puits de 95 m. Les 15 m supérieurs servent à fixer treuils et poulies. Les 80 m du dessous sont là pour déplacer les charges ou bien, dans un tunnel parrallèle, pour leur permettre d'atteindre les galeries ou de sortir. Nous avons descendu et remonté ces échelles quasi verticales en se frottant contre les parois. Bottes boueuses, mains couvertes d'une terre collante, barreaux glissants avec des changements d'échelles dans des positions scabreuses sur des bouts d'eucalyptus, rondins, madriers, planches...
J'ai compté plus de 100 échelons à la remontée, mais j'en ai oubliés. Tout le monde a dû reprendre plusieurs fois son souffle alors que la sueur gouttait dans nos yeux... Un moment d'anthologie !


Pour terminer, nous sommes allés dans la petite galerie où les mineurs vont se reposer. C'est là qu'ils viennent faire, depuis des siècles, leurs offrandes au "Tio", dieu et diable de la mine, leur protecteur.
Offrande de feuilles de coca (qu'ils mâchent continuellement en travaillant -voir la boule au coin de la joue- car leur superstition leur interdit de manger dans la mine), d'alcool pur versé au sol d'abord puis bu (alcool de canne à sucre à 96°, autre superstition : alcool pur, filon pur) et de tabac (cigarette allumée qu'on met dans la bouche du Tio -si elle se consume jusqu'au bout cela porte chance !-).
Tio Jorge est souvent représenté en entier, avec un symbole de la fertilité remarquable, alors que Tio Saturnino est plutôt là avec seulement une tête.